vendredi 21 août 2015

Mitsouko Print



Manon s’est parfumée avec Mitsouko inlassablement pendant plus de cinquante ans. Offert en cadeau de mariage par son mari, elle ne l’a plus jamais quitté.
Sa bouteille de parfum était un repère, elle n'aurait pas vraiment su dire ce qu'il sentait, juste divinement bon.
Elle en avait toujours une quelque part, dans sa salle de bain, son sac à main, sur sa coiffeuse.
Elle a essayé plusieurs concentrations (eau de toilette, cologne, extrait) et en a gardé tous les flacons. 
Ceux d’extrait c’étaient pour les grandes occasions: les anniversaires de mariage. 
- Il sent bon, il me plaît et je ne saurais pas m’en passer. Mitsouko c’est un peu mon histoire dans un flacon. Il a toujours été là, il m'a accompagné dans la vie, confiait-elle.
Ses foulards, ses chemisiers, même sa penderie embaumaient. 

Par dizaines de flacons et des milliers de vaporisations Manon s’est imprégnée de ce parfum. Il palpitait en elle comme une intraveineuse profumum sous sa peau. 
Ses bras auraient parus étrangers sans ce parfum dans son cou.

Mitsouko c'était elle, l'ombre dans notre ombre, une empreinte invisible et si familière qui a collé à jamais des souvenirs à sa présence. 

Et puis un matin d’un jour comme aujourd'hui, Manon a laissé son corps dans cette chambre et s'en est allée partager l'ombre.

On se souviendra toujours d’elle, de ses grands yeux noirs, de sa fougue méditerranéenne et de son parfum si on le recroise avec émotion dans un courant d'air. 


A ma GRAND-mère.