mardi 30 septembre 2014

La Vie est Belle - Absolu de Parfum

Détail flacon Lancome
Il y a des tas de choses qui font marcher l’homme mais 3 sont récurrentes dans le monde du parfum : la couleur rose, l’artisanat de bouche (la bouffe) et le sexe. En période de pseudo crise bling bling, on existe dans les excès en tous genres et on trouve refuge dans la bouffe (notez le nombre croissant d’obèses et l’avalanche de notes gustatives déclinées en parfum). 
Sky is the limit! 
Mais, pas de provoc’ chez Lancôme, le discours est safe et hédoniste, il offre un monde idéalisé où le parfum porte un message d’optimisme ; le réconfort d’un doudou parfumé qui nous fait voir la vie en rose (praline).

La consommatrice (cœur de cible Madame Toulemonde, âgée de 18 à 45 ans) veut :
Du rêve, une belle égérie, un beau flacon, un parfum qui sente bon et qui tienne longtemps. En somme, rien de bien sorcier. Mais l’équation est périlleuse. Il faut donner à Mme Toulemonde ce qu’elle attend et plus encore ; il faut la comprendre, la séduire et la surprendre.
Ainsi, son vœu sera exaucé ! Le nouveau Lancôme est un blockbuster, comme le fut Trésor lors de son lancement.

Ma grand-mère (gourmande comme Dame Tartine) le disait : « la vie est plus douce si on la prend coté sucré ». Lancôme a donc mis ce principe en flacon*. Et le message est clair.
En riposte à la violence le monde veut du sweet. Ainsi soit la volonté du peuple.
La Vie est Belle Absolu est toujours construit sur un accord fruité-gourmand et sa friandise traverse la formule, comme un fil d’Ariane, fil qui n’est pas de fibre mais de praline. Dans sa nouvelle version on reprend le schéma du parfum originel (celui de 2012) et on modifie certaines notes du parfum en accentuant et/ou rééquilibrant les dosages. Le résultat est radicalement plus ambré-vanillé et moins sucré. Le départ en cassis-ananas booste l’iris de la version première. Il était timide dans l’EDP, transparent dans l’EDT, le voilà éclatant dans l’Absolu. Il se distingue plus clairement entre une fraction de patchouli et un cashmeran texturé. Une note marine (identique à celle de Coco Mademoiselle) apporte un nouveau souffle de transparence et en même temps contribue à booster la puissance du parfum. Entremêlées de bois souples et molécules ambroxées, apparaissent ensuite une note de lactone noix de coco et la fameuse praline. Elle se caramélise au contact d’une marqueterie de bois synthétiques et plonge allègrement dans ces muscs fruités qui expirent inlassablement les notes du parfum. On y retrouve une similitude avec le déjà regretté Shalimar Parfum initial dans l’accord irisé-gourmand-boisé. 

La Vie est Belle dans sa version Absolu est dosé à 33% (presque autant qu’un extrait Guerlain). Une goutte suffit sinon ce n’est plus une promesse de bonheur que vous chuchotera Lancôme mais un concert de klaxon. Au moins, on ne pourra se plaindre de son manque de volume et de sa tenue. Même une après-midi d’aqua gym n’en viendrait pas à bout.

Puisque l’heure n’est plus aux chypres charpentés, aux orientaux couillus, aux aldéhydés rétro subtils mais aux ouds imposteurs et aux tapenades tutti frutti il faut constater que certains parfums dit gourmands sont plus réussis que d’autres et que succès rime avec praliné (La Vie est Belle, Angel, Lolita, Chanel Chance et La Petite Robe Noire sont des références en la matière).

Niveau subjectivité, La Vie est Belle divise. Mais dans les faits, les chiffres des ventes parlent d’eux-mêmes : le grand public a toujours le dernier mot. Niveau technique et construction olfactive La Vie est Belle est un parfum bien ficelé, efficace et qui allie ingrédients de qualité et assemblage de haute voltige. 
La palette des parfumeurs d’IFF est belle.

La vie est /peut-être belle ; écrivez la vôtre. Avec ou sans parfum. 




*(non, ma grand-mère ne travaille pas pour le marketing chez Lancôme).

5 commentaires:

  1. Je suis assez d'accord avec toi Alex. Bel article. J'avoue aimer l'absolu de parfum de la Vie est Belle. Ce qui nous fait détester ce parfum sont le volume de vente et l'impression de le sentir partout où on va et le marketing trop présent. Comme tu l'écris si bien, le public a choisi et finalement c'est lui qui a le dernier mot... Il y a 20 ans, nous avions une indigestion de Trésor et maintenant il est une référence dans la parfumerie et il est toujours là.

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  2. Je suis d’accord avec ce qui a précédemment été dit. L’Absolu de La Vie Est Belle est tout de même plus intéressant que les autres versions. Après, pour rebondir sur ce que dit Michaël, il est certain qu’on sent LVB à (presque) tous les coins de rues mais je ne pense pas pour autant que ce ne soit dû qu’au marketing. A mon sens, le marketing autour de LPRN était plus efficace. Certes a-t-il bien opéré au lancement mais au final, c’est le Lancôme qui semble prendre une certaine longueur d’avance sur la gourmandise de Guerlain sans pour autant envahir tous les médias.

    On peut donc critiquer LVB mais les chiffres sont là pour nous rappeler que malgré tout ce qu’on peut dire de négatif sur lui, il plait indéniablement. C'est comme ça … Et c’est aussi pour cela que je ne suis pas pour dire que ce parfum est une grosse bouse (en restant correct) car ça revient à insulter une très grande partie de la population qui le porte, si diverse soit-elle !!! Et puis, faut bien avouer que je ne suis tout bonnement pas de taille à affronter tout ces gens.

    Petite anecdote pour finir et dédicace à tous les détracteurs de ce parfum qui vont se délecter de cette petite discussion entendue entre 2 filles en parfumerie. C'est cadeau :

    - La Vie Est Belle c’est de qui ?
    - (sûre d'elle) Ben c’est de Julia Roberts

    Loulou Blue

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    1. Merci loulou blue et Michael pour vos interventions.

      La Vie est Belle, comme Angel, One Million, Only the Brave et tous les autres qui embaument les rues c’est la rançon du succès. Ils marquent une période, une mode qui passe. Dans 20 ans il y’aura autre chose…

      En parler c’est leur faire de la pub, les ignorer serait renier leur impact auprès des consommateurs.

      Dans l’absolu ça ne me gêne pas que La Vie est Belle parfum soit un succès, (ça ne m’enlève rien); le monde du parfum ne m’appartient pas.

      LVeB est le résultat d’un travail d’équipe et d’une équation réussie.

      Et puis, relax, c’est juste du parfum ;)

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  3. à défaut d'aimer le parfum (je n'ai pas encore senti l'absolu, donc je m'abstiens de commenter sur ce thème), j'ai adoré l'article, mais c'est souvent le cas ici. Il faut quand même saluer la performance de Lancôme, maison devenue un peu hasbeen qui a réussi son pari et est revenue dans la course, s'est à nouveau imposée parmi les premier alors qu'on ne l'attendait vraiment plus. Alors, même sans être fan de La vie est belle, ça peut rendre espoir pour toutes les belles endormies, celles qui végètent... Pour ce qui est du discour soft, effectivement, mais il me semble que ça a toujours été comme ça, même si Magie Noire pouvait paraître sulfureux: Trésor était déjà le parfum des instants précieux, et les héroïne publicitaires ont depuis longtemps la cote, le flirt avec Isabella Rosselini était vraiment un grand moment de l'histoire de la marque, qui lui donnait un visage et une personnalité plus ancrée dans une certaine réalité qui faisait rêver quand même. (Plus que les icônes glamour actuelle qui semblent tellement lointaines, à peine humaines. D'ailleurs, j'ai toujours un souci avec certaines que je ne reconnais pas d'une photo à l'autre à cause des abus de photoshop et de petite retouches médicales...)

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    1. Oui, Dau, vous avez raison, Lancôme est LA marque du moment. Elle a su s’adapter à la demande du consommateur et capter le souhait des consommatrices. Tout comme Nina Ricci, qui était un peu vieillot retro dans les années 90 et maintenant qui fait des cartons (notamment avec Nina).

      Il y’a d’autre marques comme Rochas, Balmain ou Lanvin qui ont coulé ou bousiller une bonne partie de leur âme.

      Et pour ces égéries botoxées photoshopées, c’est grotesque et personne n’est dupe. La pire image du moment c’est Gwyneth Paltrow pour Boss Jour avec son visage figé gonflé à l’hélium.
      Bientôt ça sera un critère de beauté : ressembler à toutes ces fausses féminités.

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