vendredi 26 novembre 2010

Jicky, l'androgyne qui défit les âges

Un de mes premiers chocs olfactifs.
Un tableau de maître.

Né dans une autre époque, 1889 pour donner son âge, ce parfum ouvrait la voix à la parfumerie moderne avec ses notes de synthèses intégrées aux naturelles.

Quand je l'ai senti la permière fois je devais avoir 13 ans, j'étais au collège.
Je commençais à m'interesser aux parfums et à me questionner sur les grandes marques de parfum (Guerlain, Patou, Caron, Hermès...)
Du coup, je cherchais à en savoir plus et à en sentir plus.

Une boulimie olfactive.

A cette époque, il y'avait encore des parfumeries de quartier où l'on pouvait découvrir les parfums dans leurs flacons splash et leur gamme correspondante.

Pour "Jicky", j'ai d'abord été séduit par son flacon d'extrait, sobre et massif.

La fragrance en elle même a été un vrai choc.

Beaucoup de mystère planait autour de ce Jicky.
J'étais intrigué par ce parfum qui avait traversé le siècle et qui se trouvait, là, sous mon nez de néophyte (éclairé, tout de même).
Attiré par la fraicheur incontournable de ses notes lavandées, hespéridées et aromatiques, ce parfum d'une grande intensité m'était familier.
La formule est courte, bourrée de naturels qui se fondent à merveille à 2 notes synthétiques nouvellement arrivées sur le marché: la vanilline et la coumarine.
Lavande, bergamote, géranium, épices, rose et bois précieux forment le squelette du spectre.

Mais le coup de tonnerre vient quand on s'y attend pas: la civette!

Cette note à la fois fécale et tellement humanoide qui fait perdurer en chacun de nous ce stade pipi-caca enfouis jusque là dans les tabous de la bonne société.
Et oui, la civette avec sa note si particulière, si inattendue donne à Jicky (et plus tard à "Shalimar") son aura, son volume et son animalité, tout compte fait.
Il y'a des gens qui ne sont pas sensibles aux notes animales, d'autres en revanche les rejettent catégoriquement.
Exit les mauvaises pensées!
Pour eux, il y'a "Ck be"...

Jicky sans civette c'est comme un opéra sans diva, un hot dog sans saucisse.

Je n'ai malheureusement jamais eu la chance de remonter dans le temps pour sentir un Jicky des années 1900-1950, par exemple.

Celui qui m'a ouvert la voie de la parfumerie, en 1991, était déjà bien différent, mais suffisamment délicieux pour que je le porte encore aujoud'hui avec toujours le même plaisir et le clin d'oeil complice de ma vieille copine la civette.

Evidement, celui de 2011 n'est que l'ombre d'un spectre qui aurait subi les radiations d'une bombe à neutrons.
(Il y'a de "bonnes" raisons à celà et j'en parlerai probablement dans un prochain post).

Pour moi, Jicky c'est LE parfum.
Je veux qu'il garde encore son mystère...

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